Sur
la sculpture
Je crois que mon travail de sculpteur est avant tout
commandé par le regard.
C’est en posant tout d’abord mon regard sur des objets
qu’ils soient entiers et fonctionnels ou à l’état de fragment inidentifiable
que mon cerveau opère un premier assemblage d’images et / ou de sensations.
S’enclenche alors depuis cette première
« impression » une activité poétique qui se développe autant dans
l’imaginaire (le mental) que dans la mise en œuvre technique (le physique) qui
vont s’enrichir mutuellement et alternativement.
Il y a plusieurs étapes dans la réalisation de mes
« figures » :
Le premier accouplement de formes est un saut décisif dans
l’orientation de mon regard. C’est lui qui décidera de la dimension du
processus pour parvenir au résultat définitif, par quelles étapes techniques il
me faudra passer, la durée de la réalisation, donc la dynamique du geste à
produire.
La « figure » se concentrera sur son axe ou au
contraire vagabondera parmi les différents possibles ouverts par la première
opération.
A la toute fin de la réalisation c’est la sculpture
elle-même, enfin autonome qui pose son regard sur l’espace qui l’entoure et me
propose, enfin à distance, une interprétation.
Alors seulement vient le titre de l’œuvre. Un mot, une phrase,
une référence, une proposition la plus ouverte possible, détendue ou ramassée
sur elle même pour répondre aux tensions propres de la sculpture afin que le
regard du spectateur, dans un aller retour entre la forme et le sens puisse
creuser son terrier et fabriquer sa propre image (ou commentaire) de ce que mon regard a initialement proposé.
Etablir sa propre distance avec l’œuvre.
Un homme avisé (2015)
La perplexité du tirailleur (2015)
Fidel sonando (2014)
Futur antérieur (2014)
Avant le rut (2015)
Le songe du mineur de fond /face (2014)
Le songe du mineur de fond /dos (2014)
En attendant ce jour (2014)
Un doute raisonnable (2014)
Reine de Saba (2014)
L'Homme en colère (2015)
Précolombienne-Postmoderne (2015)
Paso doble (2009)
Pas de deux (2009)
Au bord du monde (2014)
Mémoire de l'enfant (2014)
Individu traversant un groupe (2013)
Madame Butterfly (2014)
La Cruche -hommage à Vermeer (2015)
La Catrina (2015)
Prix Nobel de l'échec (2014)
Un aller pour Lampedusa (2014)
L'enfant bleu (2014)
Chaque matériau employé, avec sa nature physique, son
histoire, évidente ou non, ses spécificités plastiques concourt au sens global
de l’œuvre et à l’espace qu’elle va libérer. C’est dans cette matérialité
hétéroclite que le regard construit sa propre sensation et s’approprie les
contenus que je n’ai fait que proposer.